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mardi 30 décembre 2008

La Dolto de Sophie


Plus qu'une véritable biographie, ce livre est une sorte d'hommage à Françoise Dolto, à travers une série de textes courts, mêlant anecdotes, relations de cas traités par la célèbre psychanalyste, et ressenti de Sophie Cherer elle-même sur la vie et l'oeuvre de Françoise Dolto.
Texte après texte, comme un puzzle qui prend forme peu à peu, l'auteur éclaire les moments-phares qui ont fait de la petite Françoise la grande Madame Dolto.
Pourquoi avoir intitulé ce livre "Ma Dolto"? Sophie Cherer s'en explique : "Alors, ce livre, je décidai de l'appeler Ma Dolto. Pour qu'il sonne comme Ma Dalton, mère tutélaire, rebelle patentée. Parce que cette Françoise Dolto-là, c'est la mienne, bien que je ne l'aie jamais rencontrée, à la fois distante et si proche, et que c'est ma vision d'elle, subjective, partiale, incomplète, que je livre dans ces pages..."
Le livre refermé, on a en tout cas très envie d'aller plus loin dans la rencontre avec Françoise Dolto.
Quant au règne de l'Enfant-Roi dont on accuse parfois la psychanalyste d'en avoir répandu l'idée, Sophie Cherer a une jolie formule pour qualifier cette mauvaise interprétation : "Ils confondent ne jamais dire non et ne jamais non dire".
A méditer! :-)

Ma Dolto, par Sophie Cherer, ed. Stock, 2008, 304 p.

Isabelle P.

lundi 29 décembre 2008

BHL et Houellebecq


Qu’on aime ou qu’on n’aime pas ces deux personnages, ce livre est de toute manière intéressant à plusieurs niveaux.

Le premier est sans aucun doute la question principale de cet échange de lettres, celle que tout le monde devrait se poser avant d’écrire quoi que ce soit sur un être vivant, à savoir : a-t-on le droit de traîner quiconque dans la boue ? A priori non. Mais vu le nombre incroyable d’articles bêtement méchants parus dans divers quotidiens durant ces vingt dernières années et s’attaquant par des moyens le plus souvent médiocres et insensés, on peut se reposer calmement la question. Ces deux écrivains sur-médiatisés ont fait la douloureuse expérience d’être à la fois originaux, intelligents et légèrement narcissiques. Et le narcissisme, c’est quelque chose que les journalistes de tout bord n’acceptent pas. Et avec leurs moyens malheureusement quasi illimités, ils sont prêts à tout pour écraser quiconque se permet de survoler quelque peu la médiocrité ambiante. Les deux écrivains ne se plaignent pas vraiment de leur sort, ils se demandent même s' ils ne l’ont pas un petit peu cherché, mais ils aimeraient juste savoir comment réagir devant ces attaques disproportionnées, et là leurs avis divergent. Sans grande surprise, Houellebecq est plutôt passif alors que Lévy lui, sans vouloir prendre les armes, ne veut pas lâcher prise. Il ne sert à rien d’ouvrir un procès qui en entraînera directement un autre, il ne sert bien évidemment à rien d’aller casser la figure du « frustré » qui semble jouir du fait qu’il est si simple et si lâche d’inventer ou de colporter tel ou tel ragot, mais il est bien plus intéressant de ne pas se laisser abattre et de continuer la lutte (« rester vivant et autres textes » de Michel Houellebecq.

Ensuite il est très intéressant de voir la différence de style de ces deux écrivains. Et si il y a différence de style, c’est qu’il y a un style propre. Ce qui est loin d’être un lieu commun dans la littérature de la fin du vingtième siècle. Celui d’Houellebecq serait plutôt fluide, tranquille, désabusé mais ne manquant pas d’un humour noir et féroce ; tandis que pour Bernard-Henry Lévy, il pourrait plus paraître pédant, alambiqué, incertain à force d’être certain, nébuleux comme l’est souvent la littérature philosophique. Mais tous les deux sont uniques et charmants à leur manière.

Et pour terminer, juste pour ceux qui aiment déjà ces deux écrivains, on trouve dans ce livre quelques passages biographiques bien à propos essentiellement basés sur l’enfance des deux écrivains et tout particulièrement sur leurs relations avec leurs parents. Pour Houellebecq, sa relation avec sa mère est une des pires que l’on ait rencontrées dans le monde littéraire.

Bref pour ceux qui pensent que ces deux auteurs valent peut-être la peine d’être lus, il est préférable de commencer par « Extension du domaine de la lutte » pour Houellebecq et « Le diable en tête » pour Lévy.

par Pierre C.

Une leçon d’histoire


L’Espagne musulmane ? Elle l’a été en tout ou partie durant près de huit siècles, depuis l’invasion de 711 jusqu’à la reddition du royaume de Grenade en 1492 ! On le savait mais sans le savoir, et le récit de la conquête de l’Ishbaniyah par le berbère Tarik Ibn Zyad (qui donnera son nom à Gibraltar : Djebel Tarik) jusqu’à l’apothéose du règne de l’émir Abd al-Rahman, en 850, est une vraie révélation.

Le plus étonnant est de découvrir comme les chrétiens (majoritaires) et les juifs (omniprésents) étaient autorisés à pratiquer leurs croyances. Il faut dire que de leur prospérité dépendait celle de l’émir, puisque les musulmans étaient dispensés d’impôts… d’où la réticence des plus anciens, berbères ou arabes de souche, à l’égard de certaines conversions. Etonnant aussi est de vivre les ambassades ou expéditions musulmanes en direction des cours des rois Francs : qu’il fait froid à Nancy, se plaint la troupe, qui demande et obtient que l’on fasse demi-tour.

Docteur en histoire et déjà auteur d’une trilogie sur Carthage, Patrick Girard livre une fresque très factuelle, quasi dépourvue d’artifices, sur cette période également fondatrice de l’histoire et de la culture espagnoles. On aurait juste aimé qu’une carte « bilingue » accompagne le récit pour mieux le situer.

Tarik ou la conquête d’Allah, par Patrick Girard, Calmann-Lévy, 2007, 345 p.

référence bibliothèque : 8-3 GI 6393 T

par Frédéric B. (Lecteur)

vendredi 19 décembre 2008

Et si elle n’était pas morte ?


Comment le monde aurait-il continué à tourner si Lady D. était restée dormir dans la suite impériale du Ritz, le soir du 30 août 1997, et avait continué de vivre ? Pour être honnête, nos vies n’en auraient pas été bouleversées. Sauf peut-être, un peu, si dans le sillage de l’ex-altesse royale, un improbable complot n’était ourdi contre les Windsor, accusés d’avoir usurpé leur couronne il y a près de mille ans.

Et voilà.

Lady D. par Isabelle Rivière et Caroline Babert, Robert Laffont, 2007, 316 p.

référence bibliothèque : 8-3 RI 8674 L

Par Frédéric B. (Lecteur)

jeudi 18 décembre 2008

Oscar le détective



Oscar Wilde n’aura pas été qu’un génie littéraire hallucinant, il fut également un excellent détective. Enfin, c’est ce que tente de nous faire croire Gyles Brandreth dans ce roman paru dans la collection « Grands détectives » chez 10/18.

C’est par le biais du plus grand ami d’Oscar, Robert Sherard (qui a réellement existé tout comme la plupart des personnages de ce livre) que Brandreth nous raconte comment Wilde s’est mis, fin du 19ème, à la recherche du meurtrier du bel éphèbe Billy Wood retrouvé la gorge sectionnée dans un hôtel de passe de Londres. C’est avec Sir Arthur Conan Doyle qu’il débutera son enquête pour ensuite poursuivre seul avec son fidèle Sherard, qui fut à l’époque le seul à défendre Wilde lors de son procès; procès qui fut et qui reste encore une honte pour la pudique Albion.

Roman agréable à lire malgré certaines lourdeurs dues à l’obstination de l’auteur à nous bassiner avec les célèbres aphorismes et autres maximes qui ont fait la réputation de Wilde mais qui ici nous sont servies n’importe où et n’importe comment jusqu’à l’écœurement.

Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles, par Gyles Brandreth, 10/18, 2008, 384 p.

Par Pierre C.

mercredi 17 décembre 2008

Vive les rois !


Léopold 1er et sa moumoute, Léopold II et son tricycle notamment, Albert 1er et Marche-les-Dames, Léopold III et ses affres, Charles et le sauvetage du brol, Baudouin et… Fabiola, Albert II et enfin une famille régnante : ce sont quelques unes des facettes inhabituelles par lesquelles Patrick Roegiers aborde La spectaculaire histoire des rois des Belges, qu’il qualifie lui-même de roman-feuilleton.

Bien loin d’un assemblage de biographies convenues, c’est un livre agréable et surprenant. Il ne s’étend pas sur le travail au quotidien de nos sires, mais plutôt sur leurs vies et leurs états d’âme personnels. Et l’on en viendrait presque à les plaindre, nos souverains, d’avoir eu à nous « régner », compte-tenu du mauvais tour que nous leur avons joué dès le départ, au travers des limites constitutionnelles qui leur sont imposées, puis des nombreuses crises institutionnelles que nous avons cultivées.

Le style est riche, vif et enlevé, notamment grâce à des phrases courtes et toniques, et un vocabulaire en décalage par rapport au genre. On ne s’ennuie donc pas une minute et l’on apprend plein de détails sur la petite (et beaucoup plus amusante) histoire que nos rois ont écrite à côté de la grande.

La spectaculaire histoire des rois des Belges, par Patrick Roegiers, Perrin, 2007, 451 p.

Référence bibliothèque : 949.3 ROE S

Frédéric B. (Lecteur)

samedi 13 décembre 2008

La promenade des Russes

Nice, dans les années 70.
Sonia, 14 ans, y vit avec sa grand-mère, sa Babouchka, rescapée de la révolution russe qui l'a chassée d'un palais au bord de la Neva pour la faire échouer en France, dans un petit appartement plein d'ombres du passé. Cinquante ans plus tard, la vieille dame continue à craindre que les Bolcheviks ne s'en prennent à elle et à sa famille.
Avec Babouchka, on vit dans le passé, on ressasse encore et encore l'histoire des Romanov et celle d'Anastasia, une des filles du tsar dont la vieille dame se disait proche.
Depuis des années, elle inonde de lettres le directeur du magazine "Historia", clamant sans relâche qu'elle connaît la vérité sur l'énigme Anastasia.
Confrontée jour après jour à cette épuisante idée fixe que sa grand-mère veut lui faire partager, Sonia, elle, rêve de s'appeler Camille Dubois, d'être Française depuis dix générations, d'être la fille du chef de gare, peu importe, mais d'être délivrée de cet héritage si pesant...
L'exil est bien sûr le thème central de ce roman initiatique et l'on se surprend, le livre refermé, à chercher dans la biographie de l'auteur la trace de l'histoire qu'elle raconte ici, tant elle paraît vécue de l'intérieur. Fiction ou réalité, c'est en tout cas un bien beau portrait d'adolescente et une description pleine de sensibilité des relations qui unissent cette grand-mère et sa petite-fille.

La promenade des Russes, par Véronique Olmi, ed. Grasset, 2008, 248 p.

Isabelle P.

dimanche 7 décembre 2008

Moi je...


"Julie, je t'aime, mais tu n'apprendras rien : j'ai dû te le dire 35282 fois depuis qu'on s'est embrassés la première fois. Et je voudrais faire l'amour avec toi, j'ai tout le matériel."
Cette lettre, un brin maladroite, Doriand, 16 ans, l'envoie à son amoureuse.
Commencent alors les affres de l'attente. Que va répondre Julie?
Et comme si ces angoisses ne suffisaient pas, Doriand doit aussi supporter celles de son père, écrivain doutant de lui-même et qui vient, cerise sur le gâteau, d'entamer une psychanalyse, ce qui le pousse à s'épancher sans mesure sur l'épaule de son fils qui, lui, préfèrerait nettement qu'il reste à sa place de père. Un père copain, franchement, il n'y a rien de pire!
Un excellent roman psychologique, drôle et profond à la fois, au style vif et ironique.

Moi je, par Arnaud Cathrine, ed. Ecole des Loisirs (Medium), 2008, 123 p.

Isabelle P.

mercredi 3 décembre 2008

Soirée contée

Une marchande de mots, un directeur de cirque fou d'amour pour une riche bourgeoise, un jeune indien qui délivre sa soeur de la vie...
Adaptées des "Contes d'Eva Luna" d'Isabel Allende, ce sont quelques-unes des histoires de sang, de mort et d'amour imaginées par cette grande auteure sud-américaine qui nous seront racontées par Paul Fauconnier, ce vendredi 12 décembre 2008 à 20 heures. Attention : le spectacle aura lieu, non pas dans les locaux de la bibliothèque, mais dans ceux, rénovés, du Doyenné, un peu plus bas dans la rue.
Ne manquez pas cette soirée, réservez sans tarder au 02/348.65.29!

Adresse du jour : 102, rue du Doyenné, 1180 Bruxelles.

mardi 2 décembre 2008

Un beau livre, tout simplement



« Est-il si difficile et effrayant d'accepter d'être les créateurs de notre vie ? Nous préférons vivre comme des brebis, sans trop réfléchir, sans trop prendre de risques, sans trop aller vers nos rêves les plus profonds, qui sont pourtant nos meilleures raisons de vivre. Certes tu existes, mon jeune ami, mais la question que tu dois te poser c'est : est ce que je suis vivant ? » Pour ma part, la réponse est plus à l’issue de la lecture de L’oracle de la Luna.

C’est « tout simplement » (?) l’un de ces rares livres qui plaisent tant qu’on ralentit à la fin pour ne pas les achever trop vite ni devoir quitter l’univers dans lequel ils ont permis de se plonger. Ici, la destinée d’un jeune paysan calabrais tombé amoureux d’une noble vénitienne est le prétexte d’un long parcours de vie aux pourtours de la Méditerranée du 16ième siècle, pour autant de réflexions philosophiques, explications (limpides) des grands courants de pensées et analyses comparatives des religions.

Philosophe, sociologue et historien des religions, l’auteur est aussi un véritable écrivain. L’aspect romanesque de son récit est en effet très réussi, sans que ses désirs de didactisme ne l’affectent. Le héros accomplit son destin et les explications « philosophiques » y sont nécessaires. S’y ajoute à la fin une réflexion sur l’accomplissement personnel. Nous sommes vraiment peu de chose et peu de moments dans notre existence sont réellement déterminants : raison de plus de ne pas les manquer !

L’oracle de la Luna, par Frédéric Lenoir, Albin Michel, octobre 2006, 517 p.

Référence bibliothèque : 8-3 LE 6469 O

Par Frédéric B. (Lecteur)

Amour impossible ?



Pauvre Andela. On le sait dès la première page du roman que son histoire avec François Ackerman va mal se terminer, quand il lui écrit « j’ai toujours la même affection pour ma famille mais je dois être vigilant pour ne pas la blesser ». Fermer le ban. On a compris qu’il ne la quittera jamais, sa famille. Et c’est bien ce qu’il advient à la page 199, où l’homme chat disparaît (lâchement) en abandonnant sa mue d’homme-tigre…

L’intérêt du récit tient ailleurs. Dans le style certainement, qui est enlevé, et la pétulance du vocabulaire, typiquement africain au risque de tomber dans un stéréotype. Dans l’histoire ensuite, qui raconte la confrontation entre deux univers : celui d’une jeune africaine, célibataire et mère d’une ado rebelle, avec un blanc plus âgé qu’elle, marié et sans enfants. Elle écrit, il est présentateur vedette de télévision. Aussi la question devient-elle classiquement de savoir si leur amour l’emportera-t-il sur les conventions sociales, le confort des habitudes et la peur de l’inconnu ?

Mais il se passe autre chose durant la lecture. On se dit que le portrait de François Ackerman ressemble furieusement à celui d’un animateur bien connu. On se renseigne et, en effet, c’est bien de Michel Drucker qu’il s’agit. On dit que l’auteure et lui ont eu cette aventure que le roman raconte. Alors coup de pub ou règlement de compte ? Sans doute un peu mais plus aussi comme la dernière phrase du livre le suggère : « L’acte le plus courageux de la vie de François, c’est de m’avoir aimée et à ça, il n’y a rien à rajouter ».

L’homme qui m’offrait le ciel, par Calixthe Beyala, Albin Michel, 2007, 215 p.

Référence bibliothèque 8-3 BE 9704 H

Par Frédéric B. (Lecteur)