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mardi 9 novembre 2010

Le Goncourt de circonstance(s)


Jed Martin est un peintre contemporain passionné par les cartes Michelin ; tellement passionné qu’il en fait des œuvres d’art par photo-montages. Mais c’est plutôt ses portraits de la vie quotidienne des « petits artisans » qui vont le rendre célèbre. Un peu trop célèbre peut-être, ses toiles vont se vendre à des prix exorbitants et Jed s’en trouvera, certes très riche, mais également dépourvu dans ce monde de l’art qu’il n’aime pas trop et qu’il ne comprend pas.

C’est lors de la préparation d’une prochaine exposition qui lui sera consacrée qu’il rencontre l’auteur célèbre qu’est Michel Houellebecq. Les organisateurs ont en effet besoin d’un écrivain célèbre pour écrire une introduction au catalogue de l’exposition. Ca ne l’enchante guère, mais il se décide tout de même à prendre l’avion pour l’Irlande, pays que l’écrivain a choisi depuis bon nombre d’années pour y retrouver un calme qu’il n’avait plus en France.

Ce roman est une histoire d’amitié impossible entre deux hommes qui vivent dans leur monde respectif. C’est également un livre sur la relation entre le père et le fils, entre Jed et son père mourant. Ces pages écrites avec beaucoup de tendresse sont certainement les plus beaux chapitres qu’Houellebecq nous offre ici.
Mais il y a également un côté polar dans ce livre, il y a effectivement une mort étrange et horrible qui sera suivie par une enquête policière quelque peu chaotique, mais c’est du Houellebecq tout de même, alors la trame de l’histoire ne peut pas vraiment rentrer dans les habitudes du genre.

Michel Houellebecq est connu pour ses romans géniaux et toujours maltraités par la presse. A chaque fois, c’est le scandale assuré. Ses romans sont adulés par certains et détestés par d’autres, ce qui est déjà une excellente raison pour les publier. Mais Houellebecq, qu’il le veuille ou non, est devenu au cours des années le chef de file d’un nouveau mouvement littéraire que l’on pourrait qualifier de néo-réaliste désenchanté. On citera entre autres Virginie Despentes ou encore le très médiatique Frédéric Beigbeder. On a trop souvent critiqué ces auteurs pour être des rebelles trash et névrosés sans aucune valeur littéraire, mais il ne faut pas oublier que toute société a l’art qu’elle mérite. Et si ces écrivains sont aussi pessimistes et durs envers l’être humain et la société contemporaine, c’est qu’ils représentent d’une façon hyper-réaliste ce qu’est devenu la société occidentale à la fin du 20e et au début du 21e siècle.

En ce qui concerne le style littéraire de ces auteurs, ce qui devrait être l’unique facteur à être pris en compte, il y a de grandes différences entre ces trois écrivains. Despentes et Beigbeder se bonifient avec le temps, tandis qu’Houellebecq, outre le fait d’avoir lancé ce mouvement littéraire, dès le début nous a présenté des textes extrêmement bien écrits et travaillés. Il ne faut pas oublier qu’il est également poète, et ça se perçoit dans la maîtrise qu’il possède de la langue française, que ce soit dans ses romans ou dans tout autres écrits.

« La carte et le territoire » est un roman moins « trash » que ses précédents, et peut-être également moins pessimiste. On a l’impression que les pontes du « Prix Goncourt » attendaient cela depuis longtemps et qu’ils ont sauté sur l’occasion. En effet, comment donner le prix Goncourt à un écrivain si dérangeant, à un auteur que l’on dit neurasthénique et misanthrope, à un écrivain qui incarne à lui seul toute la déchéance d’un Occident malade et en perte de valeurs fondamentales. Le jury semble satisfait de lui, mais c’est bien avant qu’ils auraient du lui donner ce prix, ils ont juste manqué de courage.

Michel Houellebecq est depuis une vingtaine d’années le plus grand écrivain français. Et rappelons-nous la question posée à André Gide : « Pour vous, qui est le plus grand écrivain français du 19e siècle ? », et la réponse de Gide : « Victor Hugo, malheureusement ». Transposons cela en 2010, où l’on pourrait entendre Frédéric Beigbeder interviewer Houellebecq en lui posant la même question pour le 21e siècle ; « Pour vous, qui est le plus grand écrivain français du 21e siècle ? », on entendrait à coup sûr comme réponse laconique : « Michel Houellebecq, malheureusement ».

Disons que ce prix nous a permis d’entendre Michel Houellebecq déclarer à une chaîne télévisée française qu’il était « heureux » de recevoir ce prix. Oui, Michel Houellebecq est « heureux » et c’est tant mieux pour lui, n’en déplaise aux journalistes qui le voient comme un alcoolique constamment au bord du suicide. Il est apparu très ému celui que l’on dit être l’ermite de la littérature française et l’être le plus dépourvu de sentiments.

Et comme à chaque sortie d’un de ses livres, certains vont adorer, d’autres détester.


La carte et le territoire, par Michel Houellebecq, Flammarion, 2010, 428 p.


Pierre C.

mercredi 8 septembre 2010

La nébuleuse al-Qaida romancée


Jean-Christophe Rufin nous emmène dans son dernier roman « Katiba » dans un voyage chaotique entre Paris, le Sahara et les Etats-Unis. Un attentat en France semble prévu pour bientôt et une agence de détectives privés se met sur l’affaire afin de redorer son blason. La personne à surveiller d’urgence est la jeune Jasmine, une fonctionnaire du Quai d’Orsay apparemment sans histoire. Ses voyages entre l’Afrique de l’Ouest et Paris semblent suspects à ces détectives sur le retour qui paraissent légèrement dépassés par les nouvelles technologies chères à ces terroristes d’un nouveau genre. Le tout est de savoir si attentat il y a, seront-ils capables de le déjouer ?

Rufin connaît très bien les ficelles du roman, un peu trop même. Et c’est cette facilité qui dérange quelque peu dans « Katiba ». Pour rendre la fin du livre palpitante, l’auteur découpe simplement ses derniers chapitres pour donner une impression d’urgence. Comme beaucoup de romans actuels, on ne peut s’empêcher de penser que l’auteur a une petite idée lucrative derrière la tête, à savoir de voir son œuvre adaptée au cinéma, ce qui, on le voit chaque semaine, peut rapporter gros.

Heureusement que Rufin a du talent, à défaut d’avoir du génie, et ce dernier roman se lit facilement, on y voit bien ce que l’on appelle la nébuleuse al-Qaida, un réseau tellement étendu et disparate, qu’il est difficile, voire impossible de s’y retrouver, même pour les terroristes.

Katiba, par Jean-Christophe Rufin, Flammarion, 2010, 391 p.

Pierre C.

mercredi 1 septembre 2010

Même les princesses...


... doivent aller à l'école! Voilà qui consolera peut-être ceux et celles qui éprouvent quelque contrariété à retrouver les bancs de l'école! :-)
Susie Morgenstern, avec le peps qu'on lui connaît, raconte aux lecteurs débutants la très chouette histoire d'Alyestère, fille du roi Gaspard CXIV, monarque en faillite comme bien d'autres.
Le château ancestral a été vendu, et la royale famille s'est installée dans un HLM. Pas question pour autant, décrète le roi Gaspard, de se mêler au peuple!
Il faudra à la petite fille beaucoup de ténacité pour amener son père à l'inscrire à l'école. Mais la couronne et la robe à traîne sont-elles vraiment la tenue idéale au cours de gym? :-)
Bonne rentrée à tous et à toutes!

Même les princesses doivent aller à l'école, par Susie Morgenstern, ed. Ecole des Loisirs (Mouche), 56p.

Isabelle P.

lundi 30 août 2010

Quelle est la différence entre un poltron et l'écorce du bouleau?


Il n'y en a aucune, tous les deux font le tour du bois sans jamais y entrer!
Cette devinette et bien d'autres choses, Ludmilla, Pénélope et Sanouk le découvrent dans un livre que leur a prêté leur professeur de littérature.
Les trois adolescentes sont pensionnaires dans un internat russe près de Novgorod, dirigé par Olga Petrovna, une sorte de dragon en jupons.
Par la voix de Sergueï, l'auteur du livre, les trois filles aprennent l'existence en Sibérie du Nord-Ouest des Nènètses, un peuple nomade éleveur de rennes qui se déplace au rythme des besoins de ses troupeaux. A l'époque soviétique, ce peuple, comme toutes les minorités a fait l'objet d'une tentative d'assimilation forcée à la culture russe, et aujourd'hui ils sont victimes de la richesse de leur sous-sol.
Les compagnies de gaz et de pétrole les chassent de leurs territoires, tuant leurs troupeaux au besoin, et s'emparent des terres, les déclarant inhabitées. Mais, comme le leur dit le professeur de géographie, "il faut bien choisir entre les petits peuples et la croissance économique moderne", n'est-ce pas?
Les trois filles s'indignent et enquêtent, d'autant plus acharnées que la directrice leur met des bâtons dans les roues. Leur quête les mènera bien plus loin qu'elles ne l'avaient imaginé...
On pardonnera à ce roman quelques coincidences un peu trop "coincidentes" pour retenir plutôt l'intérêt du récit qui confronte deux visions du monde antinomiques : le profit optimal, credo d'une certaine vision économique actuelle, et le respect des minorités et de leur mode de vie traditionnel, en accord avec les cycles de la nature.

Petite feuille nènètse, par Anne Bouin, ed. Ecole des Loisirs (Medium), 2010, 225p.

Isabelle P.

mardi 24 août 2010

Reviens, Mamie Lise!


Pour Julien et Pauline, le monde ne tourne plus rond depuis que Mamie Lise est morte.
Alors dans l'esprit des deux enfants naît l'idée un peu folle mais inspirée par l'amour qu'ils portent à leur grand-mère de la faire redescendre du nuage d'où, leur a-t-on dit, elle les regarde toujours.
Pour cela, rien de plus simple : s'ils accumulent suffisamment de très très grosses bêtises, Mamie Lise qui ne supportait pas cela, sera bien obligée de quitter les anges pour venir les gronder en personne!
De son côté Gustave, l'ange chargé de conduire Mamie Lise au paradis n'a pas la tâche facile : Mamie Lise en effet n'a aucune envie de quitter ses petits-enfants. Elle le voit bien, que Pauline et Julien ne vont pas bien. Alors le ciel peut attendre!...
La mort, le deuil sont des sujets délicats à aborder en littérature de jeunesse. Auteure et illustratrice ont réussi une très belle symbiose dans ce roman touchant, au ton toujours juste.


Reviens Mamie Lise!, par Katja Henkel et Sybille Hein, ed. Bayard jeunesse (coll. Estampillette), 2010, 191p.

Isabelle P.

lundi 23 août 2010

le pendentif de jade


Voici un roman qui aurait pu figurer en bonne place dans notre sélection "Allez les filles!", publiée en mars dernier à l'occasion de la Journée de la femme (pour la consulter, voyez les rubriques à droite de l'écran).
Nous sommes à Londres, dans les années 1850. La "bonne société" y évite avec soin tout contact avec l'univers misérable des déshérités en tout genre, et seul le fleuve malodorant rappelle par ses miasmes aux privilégiés des beaux quartiers qu'il existe un monde différent de celui des bals et des fêtes.
Mary Quinn est la demoiselle de compagnie d'une de ces jeunes filles riches, Angelica Thorold. Elle sert le thé, et serre les dents sous la méchanceté de la donzelle trop gâtée.
C'est que Mary a une bonne raison de supporter le mauvais caractère d'Angelica : elle est en fait "infiltrée" dans cette famille par "the Agency", une organisation employée par Scotland Yard pour mener à bien certaines missions délicates.
Mary a du caractère et du courage, et heureusement, car son enquête ne sera pas de tout repos, d'autant que le jeune James, rencontré dans un placard va mettre son grain de sel dans l'histoire! :-)
Premier tome d'une nouvelle série, "le pendentif de jade" est un roman plein de rebondissements, qui se lira avec beaucoup de plaisir à partir de 12-13 ans.
Une occasion aussi d'en savoir un peu plus sur la société de l'époque, notamment sur la place qui y était faite aux femmes!

The agency : le pendentif de jade, par Y.S.Lee, ed. Nathan, 2010, 377p.

Isabelle P.

jeudi 19 août 2010

Mieux que Harry Potter !


Je partageais avec un ami mon enthousiasme à la lecture d'une biographie de Charles Lindbergh. "Ah, le pro-nazi", m'a-t-il répondu. J'en ai été peiné, car non, assurément, Charles Lindbergh n'a pas été pro-nazi, ni même fasciste. Une certaine presse américaine l'a qualifié comme tel pour avoir pris la tête du mouvement isolationniste qui désirait tenir les USA à l'écart de la guerre qui éclatait en Europe sans avoir en même affirmé publiquement sa condamnation du régime nazi (ni relaté les actions concrètes qu'il avait pourtant prises pour en contrer les excès portés à sa connaissance). Mais ne fallait-il pas aussi que le grand public puisse brûler en ces temps incertains celui qu'il avait tant adoré ? Qu'il fasse de son aigle solitaire "L'Ange noir" (c'est le titre de cette magistrale biographie écrite par Bernard Marck), pour le réhabiliter ensuite ?
Mais quel destin ! Quelle vie hallucinante, sous le regard incessant de la presse ! De la première traversée de l'Atlantique en solitaire, en 1927, à la défense acharnée et précurseuse de l'environnement à la fin de sa vie. Avec le drame : l'enlèvement et l'assassinat de son premier enfant. Avec le génie : l'invention d'appareils médicaux révolutionnaires et l'expertise incontestée dans le domaine de l'aviation. Avec des côtés sombres aussi : mari et père absent mais omnipotent, deuxième famille secrète en Allemagne... Une vie digne d'un récit de science-fiction mais bien réelle, à la lecture de laquelle on découvre une personnalité solitaire et déterminée qui avait tout simplement ses racines dans le ciel.

Lindbergh l'ange noir, par Bernard Marck, ed. L'Archipel, 2009, 970 p.

Frédéric B. (Lecteur)

dimanche 8 août 2010

La formule préférée du professeur


La narratrice, aide-ménagère, est engagée chez un homme, la soixantaine, d'aspect plutôt négligé. Il porte entre autres, épinglées sur son costume fatigué, une infinité de notes dont la plus importante :"ma mémoire ne dure que 80 minutes".
D' un accident de la route vingt ans plus tôt en effet, celui qui fut un professeur de mathématiques promis à un magnifique avenir de chercheur a gardé de lourdes séquelles.
Commence alors une étrange et très belle relation d'amitié entre l'aide-ménagère et le professeur, relation chaque jour réinventée puisque oubliée pendant la nuit. L'amitié du professeur s'étend bientôt au fils de l'aide-ménagère, qu'il surnomme Root (racine), en raison de sa tête plate qui rappelle le signe de la racine carrée.
Sous la conduite bienveillante du professeur, la mère et l'enfant s'initient à la beauté des mathématiques, à l'ordre et à la rigoureuse beauté des chiffres, qui permettent au professeur de tenir à distance le désordre du monde du dehors. Un monde qu'il va pourtant apprivoiser à tout petits pas, grâce à Root...
Un roman intimiste et délicat, dans le fond comme dans la forme, entièrement centré sur les relations entre ces trois êtres à priori si différents et sur l'enrichissement que ce partage apporte à chacun d'eux.
Une très belle ambiance à découvrir!

La formule préférée du professeur, par Yoko Ogawa, ed. Actes Sud (coll. Babel).

Isabelle P.

mardi 13 juillet 2010

Lire dans les parcs

Quelques photos valent mieux qu'un long discours... Voici, en images, un petit compte-rendu de notre grande première "Lire dans les parcs" dans le parc de Wolvendael. Si l'expérience vous tente, venez nous rejoindre sous le hêtre rouge, en face de la plaine de jeux, les mardis 13 juillet, 17 et 24 août de 15 à 17h.





lundi 12 juillet 2010

La jeune fille rebelle


... ou la vie mouvementée de Marguerite de Male, dernière comtesse de Flandre, qui par son mariage avec Philippe le Hardi fit entrer nos régions dans les états bourguignons.
Mais dans cette biographie romancée, nous n'en sommes pas encore là!
Marguerite est née, seul enfant vivant parmi plusieurs autres morts-nés, à la grande fureur de son père qui désespère d'avoir un héritier mâle. Délaissée par sa mère qui sombre dans la folie, ignorée par son père qui ne lui pardonne pas d'être une fille, Marguerite partage les jeux violents des garçons de son entourage, et ne pense qu'à échapper aux séances de broderie et d'apprentissage de la vie de noble dame.
Mais la réalité la rattrape : Marguerite est en âge de se marier, et son père lui a déjà choisi un époux : Edmond de Langley. Un choix auquel applaudissent les guildes de Bruges et de Gand qui vivent du commerce de la laine avec l'Angleterre.
Mais lorsque Marguerite découvre le sournois et pustuleux Edmond, elle n'a, elle, aucune raison de se réjouir...
Même si les auteurs de ce livre traduit du neerlandais avouent avoir pris quelques libertés avec la réalité historique, ce récit romancé donne vie à l'Histoire, et restitue de manière très documentée et imagée la vie quotidienne en Flandre au 14ème siècle. Bruits, odeurs, couleurs, poussière et sang comme si on y était!
Confrontée à un monde où tout est au pouvoir des hommes, Marguerite, frondeuse et insoumise est un personnage très touchant, fragile et dur à la fois, utilisant comme le lui a enseigné son maître d'armes, la ruse pour pallier à la force qui lui manque.
Un regret : pourquoi les éditions Mijade ont-elles choisi pour la couverture de ce récit le portrait de Ginevra de Benci par Leonard de Vinci, postérieur d'une bonne centaine d'années, et qui à ma connaissance n'a rien à voir avec Marguerite de Male?

La jeune fille rebelle, par Jean-Claude van Rijckeghem et Pat van Beirs, ed. Mijade, 2009, 283p.

Isabelle P.

mercredi 7 juillet 2010

Foot, foot et encore foot...


Dis, Madame, t'as des livres de foot? me demande un mini-supporter, les yeux pleins d'espoir. Hélas, si les documentaires sur le sujet sont légion, les albums sont bien moins nombreux, le foot semble inspirer nettement moins l'imaginaire des auteurs Jeunesse que les ogres, princesses, sorcières ou petits ours!
Le petit David est tout de même reparti heureux, avec les deux albums que voici :
C'est moi le champion!, ou les rêves très ambitieux d'un footballeur en herbe. "Quand je serai grand, je serai footballeur. Un footballeur très célèbre. On me reconnaîtra dans la rue..." Le décalage entre texte et image est particulièrement savoureux!
Un but magnifique, plus ancré dans la réalité, raconte, dans de belles illustrations à l'aquarelle, l'histoire d'un petit garçon qui a, lui, réalisé son rêve et marque sous les yeux de son père, le premier but de la finale de la Coupe du monde pour son équipe.
Personnellement, je ne suis pas très foot (nul n'est parfait :-)), mais si le ballon rond amène à la lecture le petit David et d'autres, alors je dis : vive la coupe du monde! :-)

C'est moi, le champion!, par Philip Waechter, ed. Milan, 2006.

Un but magnifique, par Michael Foreman, ed. Kaleidoscope, 2002.

Isabelle P.

mardi 22 juin 2010

Le collège des princesses


Dans le royaume de Dan, les habitants des monts Eskel vivent de l'exploitation des carrières de lindor, une pierre aux pouvoirs étonnants, et sont considérés par les habitants des Basses-Terres comme des rustres attardés.
Aussi est-ce avec stupéfaction que l'on apprend que les oracles du roi ont prédit que le prince, âgé de 18 ans, épouserait une fille des Monts Eskel.
Pour combler autant que faire se peut le fossé qui sépare le prince de ces sauvageonnes, le roi ordonne que toutes les filles de 12 à 17 ans soient rassemblées dans un collège afin d'y recevoir l'éducation qui convient.
Miri, une adolescente frêle et menue est parmi elles. Mais son apparente fragilité cache une détermination qui se révèlera à tous, y compris à elle-même...
Derrière ce titre un peu "nunuche" (c'est mon avis et il n'engage que moi :-)) et une couverture pas très attrayante (idem:-))se cache un roman passionnant, dont l'ambiance et le propos rappellent "l'élue" ou "le passeur" de Lois Lowry.
Un cadre fantastique intemporel, de l'aventure, un soupçon de magie, une héroïne attachante que l'expérience grandit... que du bonheur de lecture en perspective!

Le collège des princesses, par Shannon Hale, ed. Gallimard, 2009, 354 p.

Isabelle P.

mercredi 16 juin 2010

Mon carnet de haïkus


"Un haïku, qu'est-ce que c'est?
Un jeu de société? un art martial? un oiseau exotique?
Non, c'est un poème court qui en dit long, mine de rien. C'est ainsi que, depuis des siècles, les Japonais expriment leur bonheur, leur agacement, leur tristesse, leur étonnement, leur joie d'être au monde".
C'est à l'écriture de ces haïkus que l'auteur nous invite dans ce carnet. Et pour nous plonger dans l'ambiance de ces instantanés littéraires en trois lignes, Anne Tardy en a sélectionné un certain nombre, écrits par elle et illustrés avec beaucoup de délicatesse par Georges Lemoine.
Souvenirs de voyage ou d'émotions, moments tristes ou joyeux, petits riens qui fâchent ou font sourire...les occasions sont multiples, et l'exercice se pratique avec bonheur à tout âge!

Mon carnet de haïkus : 200 haïkus pour les moments de tous les jours, par Anne Tardy, ill. Georges Lemoine, ed. Gallimard, 2004.

Isabelle P.

lundi 14 juin 2010

Ténébreuses


Depuis le succès de "Millenium", la littérature policière nordique semble plus visible dans les rayons des librairies et bibliothèques, et ses auteurs mieux connus.
Karin Altvegen est une auteure suédoise, petite-nièce d'Astrid Lindgren d'ailleurs,mais le moins que l'on puisse dire à son propos est que ses personnages n'ont pas grand-chose à voir avec Fifi Brindacier ! "Ténébreuses" porte bien son titre : l'âme humaine est plus noire que noire, et l'auteur s'attache à nous le démontrer tant et plus. Les ressorts de cette noirceur? le pouvoir, la gloire, l'amour, encore et toujours.
Axel Ragnerfeldt, prix Nobel de littérature et actuellement réduit à l'état de légume par une attaque cérébrale, est au centre de la toile. Autour de lui gravitent sa femme Alice, écrivain elle aussi mais qui a sacrifié ses ambitions à celles du grand homme, avec les frustrations que l'on devine, son fils Jan-Erik qui vit à travers l'oeuvre de son père, Annika, sa fille, morte à 15 ans, fauchée par un chauffard...Et puis d'autres, qui ont aimé ou haï l'écrivain. La mort solitaire de Gerda Persson, domestique de la famille pendant de longues années va mettre au jour de manière tout à fait inopinée une série de secrets bien gardés...
"Tout avait commencé bien longtemps auparavant.Il ne leur restait plus qu'une heure avant que leur monde ne s'écroule à jamais". C'est bien là le propos et la force de l'intrigue de Karin Altvegen : démonter l'engrenage qui amène ses personnages d'un comportement X à la dévastation totale de leur existence.

Ténébreuses, par Karin Alvtegen, ed. Seuil (points policier), 2008, 348p.

Isabelle P.

samedi 29 mai 2010

Les Penderwick : l'été de quatre soeurs, de deux lapins et d'un garçon très intéressant


Elles sont quatre soeurs, comme le titre l'indique, Rosalind, Skye, Jeanne et Linotte, entre 4 et 13 ans. Leur mère est morte, leur père est un botaniste doux rêveur, qui préfère la compagnie des fleurs à celle des hommes et élève ses filles avec une grande tendresse.
Le roman se passe pendant les vacances des Penderwick, qui ont loué une dépendance d'un manoir, propriété de la terrible madame Tifton. Glaciale et revêche, celle-ci ne jure que par la discipline de fer que lui a inculquée le général son père et ne supporte ni les enfants ni les animaux. Son fils Lucas, 12 ans, est d'ailleurs promis à l'internat militaire, lui qui ne rêve que de musique.
La rencontre entre les deux familles fera des étincelles...
Délicieux, un brin rétro, plein d'optimisme, un livre à savourer pour son mélange d'humour et de fraîcheur, et ses quatre héroïnes plus attachantes les unes que les autres!

Les Penderwick, par Jeanne Birdsall, ed. Pocket jeunesse,2008,249p.

Isabelle P.

mercredi 26 mai 2010

De l'autre côté de l'île


Il y a bien longtemps, il y eut le Déluge, provoqué par la folie des hommes, et les guerres qui suivirent.
Alors la Mère Nourricière se leva, organisa la Grande Evacuation vers les dernières îles de la Mer tranquille et promit de créer un monde nouveau sur ces îles, où tous seraient protégés des éléments.
Sur l'île 365 en effet, tout est très bien organisé, pour le bien-être de tous.
Evidemment, la sécurité générée par ce "Nouveau climat" implique l'abandon par les habitants de la liberté et de la possibilité de choisir leur vie.
Mais après tout, "les mots ne sont que des mots, et sans abri, tous les autres mots n'ont plus aucun sens".
Honor, 13 ans, est pleinement d'accord avec tout cela : "Reste à ta place. Fais ton travail. Vis en paix. Telle est la loi de l'autodiscipline." Mais comment être intégré dans la société quand on a des parents réfractaires aux lois, qui bravent le pouvoir et prétendent que tout est mensonge?
Le thème d'un monde totalitaire mis en place à la faveur de la peur des hommes n'est pas neuf, bien sûr, mais ce qui m'a particulièrement plu dans ce roman, c'est le point de vue de l'héroïne. Contrairement à beaucoup d'autres récits d'anticipation-aventure, ce n'est pas l'adolescente qui va se rebeller et chercher à changer les choses, au contraire. Honor veut être une adolescente parfaite, fondue dans la masse, être comme les autres. Mais peut-on pour cela tout accepter sans plus aucun esprit critique? Un sujet de réflexion toujours salutaire!
Ce livre fait partie de la sélection 2011 du prix Adolisant organisé à l'initiatice des bibliothèques de Woluwé Saint Pierre.
Plus de renseignements? : www.adolisant.be

De l'autre côté de l'île, par Allegra Goodman, editions Thierry Magnier, 2010, 373p.

Isabelle P.

mercredi 19 mai 2010

« Auster revient invisible »


Un jeune étudiant désœuvré rencontre lors d’une soirée mondaine un énigmatique milliardaire qui, sans raison apparente, lui propose de fonder pour lui un magazine littéraire. L’étudiant ne se pose pas trop de questions et accepte.
Commence alors une étrange relation entre les deux hommes et la compagne du milliardaire. Tout devient très rapidement un jeu de séduction malsain entre ces trois personnages, jeu duquel le jeune inexpérimenté ne pourra plus s’échapper.

Jusque là, rien de vraiment dangereux entre adultes consentants, mais cette relation se transformera rapidement en un réel cauchemar pour le jeune homme. Il découvrira rapidement la vraie personnalité de son nouvel « ami » qui, en plus de posséder de mystérieux vices, a un réel talent pour se faire passer pour ce qu’il n’est pas. Entre les deux hommes naîtra dès lors une haine glacée et sans limite qui les conduira tous deux à la défaite absolue.

Superbe roman de Paul Auster qui renoue enfin avec le mystère des relations humaines. Comme dans toutes les meilleures œuvres littéraires, le bien et le mal sont tous les deux mis à mal. A certains moments, on est trop fasciné par la personnalité étrange du milliardaire que pour pouvoir réellement le haïr pour ce qu’il a fait. A d’autres moments, on en veut un peu à cet étudiant qui tente maladroitement de rétablir la vérité sans vraiment oser se mouiller. Il n’y a ni bons ni méchants, juste une toile complexe de sentiments contradictoires élégamment tissée par un des plus grands écrivains américains.

Invisible, par Paul Auster, Actes Sud, 2010, 293 p.

Pierre C.

Mixité(s)


En découvrant le titre de ce recueil de nouvelles, on pense bien sûr tout de suite aux rapports garçons-filles, d'autant plus que le partenariat de l'éditeur avec le mouvement "Ni putes ni soumises" est clairement indiqué sur la couverture.
Les éditions Thierry Magnier s'étaient d'ailleurs déjà associées à ce mouvement pour proposer en 2003 le recueil "Des garçons et des filles" dans la même collection.
Mais il est bien d'autres mixités avec lesquelles notre société doit compter : religions, langues, habitudes culturelles...et les différences séparent aussi sûrement que des murs lorsqu'elles sont dénoncées ou revendiquées avec tambours et drapeaux.
Cela fait des histoires de frontières, de territoire, d'intolérance...
Et pourtant, comme le dit un personnage d'une des nouvelles (électricien, ce qui explique le choix de la comparaison :-)) "la mixité, c'est le plus et le moins qui, en se frottant l'un à l'autre, créent la lumière".
Nancy Huston, Baya Kasmi, Gaston Kelman, Véronique M. Le Normand, Marc Levy, Mathis, Gisèle Pineau, Marie-Sabine Roger et Leïla Sebbar : neuf imaginaires pour un ensemble où adultes et ados trouveront leur bonheur.


Mixité(s) : nouvelles, ed. Thierry Magnier, 2010, 139p.

Isabelle P.

mardi 27 avril 2010

Un chouette site pour les enseignants de maternelle... et les autres!

Une enseignante, merci à elle, m'a fait découvrir aujourd'hui sur Internet le site "materalbum.free.fr". Le sous-titre explicite le contenu : "des albums en maternelle".
Vous cherchez une histoire sur la banquise, l'arc-en-ciel, l'entraide ou, c'est de saison, la fête des mères? Les bibliographies sont là pour cela. Il y a aussi des propositions d'activités prolongeant la lecture, et un forum où échanger trucs, astuces et ficelles.
Chouette à découvrir pour les enseignants, mais aussi les parents... et les bibliothécaires !
Bonne lecture!

Isabelle P.

jeudi 22 avril 2010

C'est l'aventure!


Prise dans son sens d’évènement imprévu, extraordinaire, surprenant, l’aventure est bien ici au rendez-vous ! Cinq écrivains déjà bien connus à l’Ecole des Loisirs ont concocté chacun une nouvelle sur ce thème, installant cinq ambiances (surréaliste, terrifiante, fantastique…) tout à fait différentes, mais toujours passionnantes.
Audren entraîne ainsi une releveuse des compteurs dans un dédale de bureaux où elle trouvera plein de choses... mais pas de compteurs; Moka, comme elle sait si bien le faire, distille l'angoisse et le suspense dans une descente spéléologique dont l'enjeu est bien plus grand que l'exploit sportif; Quant à Thomas Lavachery, c'est au pays des Baïgours que son héros s'en va poursuivre le fameux Bottes-Rouges, que l'on dit sanguinaire et sans pitié...
Des récits courts qui donnent vraiment envie d’entrer dans les univers romanesques de leurs auteurs.

C'est l'aventure!, un recueil de nouvelles par Audren, Sophie Cherer, Moka, Thomas Lavachery, Moka et Gaëlle Obiegly, ed. Ecole des loisirs (Medium), 2010, 138p.

Isabelle P.

dimanche 28 mars 2010

Rencontres d'auteurs, chapitre 1 !


La bibliothèque, en partenariat avec la librairie La Licorne, organise cette année des rencontres d'auteurs pour trois classes de 3ème secondaire, de Ste Ursule à Forest et de St Vincent de Paul à Uccle.
Trois romans ont été proposés en lecture aux élèves :
. le chagrin du roi mort, de Jean-Claude Mourlevat;
. Un sale gosse, de Jan Simoen;
. le chant de l'innocent, de Irène Cohen-Janca,
trois livres très différents les uns des autres, dont ils auront ensuite l'occasion de rencontrer les auteurs.

La première rencontre commence ce jeudi 4 mars après-midi, par une course dans les allées de la Foire du Livre de Bruxelles, à la recherche du forum où nous rencontrerons Jean-Claude Mourlevat, l'auteur du "Chagrin du roi mort".
Il est bien là, souriant et détendu, et répond volontiers à toutes les questions.
Petit résumé de ses réponses :
Il ne se sent pas célèbre, puisque les gens connaissent ses livres, mais pas son visage. Par contre, ses livres ont été traduits en plusieurs langues et il a reçu de nombreux prix. En ce sens, il a le sentiment maintenant d'être "attendu" par ses lecteurs, et donc le risque de les décevoir est plus grand. "Mais, dit-il, l'écriture, c'est une affaire entre moi et moi. Je me sens responsable du cadeau que je fais aux gens". Alors il travaille son texte jusqu'à ne plus avoir de doutes. Se relit-il parfois, une fois son livre publié? "Non, dit-il, car relire ses livres, c'est comme se regarder dans la glace, se regarder comme on est beau, comme on écrit bien... :-)"
De quel pays s'est-il inspiré pour écrire "Le chagrin du roi mort"?
De tous les pays froids du Nord de l'Europe : Scandinavie, Islande, Sibérie, Russie... La Petite Terre du roman, c'est l'Islande, par exemple.
Et il s'est aussi inspiré de la campagne de Napoléon en Russie pour décrire la guerre de conquête de Guerolf.
Il écrit ses romans sans plan préalable, avance en aveugle vers la fin de l'histoire, et parfois se retrouve dans un mur! :-)
S'inspire-t-il de souvenirs d'enfance?
Oui et non. "Chaque écrivain intègre dans son disque dur des choses obsessionnelles qui lui sont propres." Dans son cas, c'est le désir de partir, de quitter, la quête. Ses personnages cherchent toujours quelque chose.
Plus anecdotique : "l'épicerie avec la porte qui fait ding-ding dans La rivière à l'envers, c'est l'épicerie de mon enfance".
La Rivière à l'envers est d'ailleurs un de ses romans auquel il est le plus attaché. Peut-être parce qu'il l'a écrit presqu'entièrement pendant ses voyages en train, en regardant le paysage défiler. "Ca coulait de source, je ne me suis presque pas senti l'écrire", dit-il en nous montrant ses cahiers à spirales aux pages couvertes de mots serrés. Eh non, tous les écrivains ne sont pas encore convertis au clavier!
La troisième vengeance de Robert Poutifard, lui, est né parce qu'il avait lu tous les livres de Roald Dahl à ses enfants, et qu'ils étaient déçus qu'il n'y en ait plus. Alors il a essayé d'écrire un récit qui y ressemble, drôle et cruel à la fois.
L'histoire de cet instituteur à la retraite commence par ces mots : "Robert Poutifard détestait les enfants..." Tout un programme!
Aimeriez-vous que vos livres soient adaptés au cinéma? lui demande-t-on.
Oui, bien sûr, mais en même temps "on perdrait le secret du silence de la lecture, les nuances, les images mentales, les états d'âme difficiles à faire passer..."
Et le prochain livre? Il mélangera policier et S.F. et sera en tout cas "décalé par rapport à la vraie vie".
Affaire à suivre...

Le chagrin du roi mort, par Jean-Claude Mourlevat, ed. Gallimard, 2009.

Isabelle P.

vendredi 26 mars 2010

Prix Astrid Lindgren 2010


Au pays du prix Nobel, il y a aussi le prix Astrid Lindgren, du nom de l'inoubliable auteure suédoise de Fifi Brindacier. Ce prix récompense chaque année depuis 9 ans un auteur de littérature de jeunesse. Parmi les lauréats : Maurice Sendak et Philip Pullman. Et cette année, battez tambours, sonnez trompettes... c'est notre compatriote Kitty Crowther qui remporte ce prix prestigieux!
Bravo Kitty! Nous nous souvenons avec bonheur que nous avons déjà eu l'occasion de montrer à nos lecteurs ses magnifiques illustrations de "La grande ourse", il y a quelques années.
Son univers est particulier, son trait reconnaissable au premier coup d'oeil.
"Mon ami Jim", "Scritch scratch clip clapote", "Moi et rien", "le grand désordre"... autant d'histoires qui touchent le lecteur. "Ecrire et dessiner des histoires, pour moi, c'est un peu comme mieux apprivoiser le monde qui m'entoure. Je n'essaie pas de faire des livres plaisants, mais des histoires qui m'intéressent profondément. D'ailleurs, je n'ai pas l'impression de décider, ce sont elles qui me choisissent" dit-elle.
Et le lecteur à son tour les choisit, attiré par l'atmosphère de poésie et d'émotion qui s'en dégage.
Ainsi ce "Va faire un tour" pour lequel j'ai une tendresse particulière! :-)
Dédié à "toi qui un jour as maudit la terre entière parce que plus rien n'allait comme tu le voulais", il montre en une suite de petites vignettes un drôle de bonhomme qui à la suite d'une dispute avec sa mère s'en va faire le tour de la terre avant de revenir à son point de départ. Rien ni personne n'arrive à le distraire de sa bouderie...jusqu'au retour dans le cocon familial!

Va faire un tour, par Kitty Crowther, ed. Pastel, 1995.

Isabelle P.

mercredi 10 mars 2010

Journée de la Femme, suite...

Heure du Conte scolaire, ce mercredi matin. Je présente à un groupe d'enfants de 2ème primaire l'album "Histoire d'un petit garçon qui était une petite fille".
En introduction, on parle de la journée de la femme. Les réactions fusent : "C'est un jour où on peut pas embêter les filles!""C'est un jour où les filles sont les chefs!"... et un garçon s'étonne : "Pourquoi y a pas la journée des hommes?"...:-)
L'histoire d'Adalbert Tripette, charcutier de son état, père de six filles alors qu'il n'aurait voulu que des garçons fait beaucoup rire, et alimentera le débat!
Il faut dire qu'il n'y va pas de main morte, Adalbert : pour lui, les garçons c'est grand, beau et fort, et les filles, c'est mou, bête et peureux! A sa femme qui attend un septième enfant, il déclare : "Si c'est encore une fille, je la découpe en deux avec mon grand couteau à saucisson!". Pour éviter cela, on lui fera croire que l'enfant est un garçon. Adalbert n'y voit que du feu, jusqu'au jour où...
L'album a plus de 30 ans, et non seulement il n'a pas pris une ride, mais il est toujours autant d'actualité, si l'on en croit les réflexions des enfants!

D'autres idées de lecture sur le sujet? Consultez la bibliographie "Allez les filles!" que nous avons concoctée à votre intention : des albums et des romans pleins d'héroïnes loin d'être bêtes et peureuses, n'en déplaise à Maître Tripette! :-)


Histoire du petit garçon qui était une petite fille, par Didier Herlem, illustré par Jean-Claude Luton, ed. Magnard, 1979.

Isabelle P.

lundi 8 mars 2010

La Journée de la Femme...


... c'est aujourd'hui!
Mais à la bibliothèque, nous vous proposerons plusieurs moments de rencontre autour de cet événement dans les semaines à venir. Vous en trouverez tous les détails en cliquant sur notre calendrier de mars!
Epinglons le très beau spectacle littéraire et musical "Histoires d'Elles", orchestré par l'association Le Plaisir du Texte le vendredi 19 mars à 20h30, et pour les petits l'Heure du Conte le mercredi 17 mars à 15 heures.
Nous vous proposons aussi une exposition à visiter, et des suggestions de lectures, rassemblées dans des bibliographies que vous pourrez télécharger sur notre blog dans quelques jours.

Notre départemement de périodiques s'enrichit également dorénavant de la revue "Axelle", mensuel édité par Vie Féminine, mouvement féministe d'action interculturelle et sociale. Un regard engagé, toujours intéressant et interpellant, sur les femmes d'ici et d'ailleurs...

Isabelle P.

vendredi 5 mars 2010

La garde à vue de Beigbeder


Après avoir été arrêté pour usage de stupéfiant sur le capot d’une voiture en pleine rue parisienne et après son placement en garde à vue dans une cellule froide et inhumaine, Frédéric Beigbeder se remémore sa jeunesse qu’il croyait à tout jamais perdue au fin fond de sa mémoire passablement entamée.

Donc, pour ne pas perdre son temps et surtout pour échapper à sa détention nauséeuse, il décide de récupérer quelques souvenirs d’enfance, tâche qui lui semble pourtant totalement insurmontable. Et quelle n’est pas sa surprise de se rendre compte que, tel un fil arraché d’un pull, tous ses souvenirs se mettent à s’effilocher sans qu’on ne puisse plus les arrêter. Son père démissionnaire, sa mère romantique et passionnée, son grand frère (le Beigbeder qui réussit) qu’il admire toujours autant et ses grands parents aristocrates qui connurent la déchéance économique et sociale. Toute la famille y passe, les voisins, les voisines aussi bien-sûr, ainsi que cette brève histoire du 20ème siècle qu’il nous décrit avec ses yeux d’enfants. Ses yeux d’enfants qui lui font penser qu’en somme, il n’a jamais vraiment grandi.

« Un roman français » n’est donc pas vraiment un roman, il se situe plutôt du côté des autobiographies, mais n’est-ce pas le cas de tous les livres de Beigbeder qui, sans aucun doute, est l’écrivain français actuel le plus narcissique ? Narcissique certes, mais écrivain tout de même. Ceux qui n’aiment pas Beigbeder ne l’aimeront pas plus avec ce livre et ne l’aimeront certainement jamais. Pour les autres, « Un roman français » est la confirmation que l’auteur ne cesse d’évoluer. Certes, il s’encombre toujours de ses sempiternelles allusions à Oscar Wilde et autres artistes maudits, et son penchant exagéré pour la déchéance humaine est toujours aussi présent. Mais son écriture va vers quelque chose de plus intime et universel, ce qui peut nous faire espérer que, probablement un jour, il sera reconnu pour sa prose et non plus uniquement pour ses poses et frasques médiatiques.

Un roman français, par Frédéric Beigbeder, ed. Grasset, 2009, 281 p.

Pierre C.

mercredi 3 mars 2010

les lionnes


Elles sont deux, la mère et la fille. Elles ont quitté le groupe, animées d'une rage qui les soude dans leur chasse aux humains qui ont tué deux des leurs.
Mère et fille ensemble face aux hommes, face à la douleur, aux charognards, à la mort...
"Je me sers d'animaux pour instruire les hommes" disait La Fontaine; Jean-François Chabas le rappelle en citation ouvrant ce roman-fable poignant.
En 50 pages défilent en images superbes le destin de ces deux fauves.
Mais dans cette savane impitoyable, il est aussi question de liberté, d'amour et du sens de la vie, qui donnent à ce récit une portée universelle.
Quelques lignes en italique le concluent qui, en vers, auraient pu naître sous la plume de La Fontaine : "Aux plus jeunes de mes lecteurs qui s'attristeraient de cette fin, je voudrais dire de ne pas avoir de peine. La vie, je vous le souhaite, vous apprendra qu'il est bien plus terrible de vivre en hyène que de mourir en lionne".

Les lionnes, par Jean-François Chabas, Ecole des loisirs (Neuf), 2009, 55p.

Isabelle P.

mercredi 24 février 2010

L’étrange grammaire d’un écrivain italien


Stefano Benni fait partie de ces rares auteurs que l’on reconnaît après lecture de deux ou trois pages seulement (pour ne pas dire des deux, trois premières lignes). Cet écrivain italien a un monde à lui qui ne ressemble à aucun autre. On est aux frontières du conte philosophique et du grotesque. Benni ne cesse de balader le lecteur entre le réel et un monde imaginaire peuplé de créatures plus étranges ou plus attendrissantes les unes que les autres.

Dans « La grammaire de Dieu », son dernier recueil de nouvelles, Benni s’énerve, comme souvent d’ailleurs. Il s’énerve sur la société en général, et sur sa prétendue modernité en particulier. Dans une de ses nouvelles, il ridiculise un pauvre bougre qui, grâce à son nouveau téléphone portable, est persuadé que le monde, bientôt, se prosternera à ses pieds. Enfin, c’est surtout la vendeuse qui lui fait faire tout et n’importe quoi, et comme tous ses clients, notre retardé de la communication se laissera trop facilement avoir.

Par le biais de ces nouvelles, l’écrivain italien le plus hilarant du moment tente de nous faire prendre conscience de notre solitude dans ce vaste monde dit « hyper-communicatif ». Mais il nous rappelle également que, plus on est nombreux à parler, moins on se comprend. Et c’est plutôt en grand-père vieillissant ayant quelques bonnes blagues en réserve qu’il nous prévient plutôt qu’en professeur émérite et ennuyeux.

Voilà, pour tous ceux qui sont prêts à se laisser dérouter par un écrivain génial, original et surprenant, tous les livres de Benni valent la peine d’être lus et pas seulement le dernier édité. Ses livres forment un univers bien à lui, on accroche ou pas, mais dans tous les cas, vous ne risquez que l’étonnement ou l’émerveillement.

La grammaire de Dieu, par Stefano Benni, ed. Actes Sud, 2009, 259 p.

Pierre C.

lundi 22 février 2010

Etranger à Berlin


1941, dans un orphelinat polonais. Piotr est sélectionné par des médecins allemands pour ses caractéristiques physiques aryennes.
Grand, blond aux yeux bleus, il est envoyé en Allemagne pour y être adopté.
Devenu Peter, au milieu de sa nouvelle famille toute dévouée à Hitler, il découvre l'idéologie nazie au quotidien, et les grands rassemblements d'endoctrinement.
D'abord relativement séduit et désireux de s'intégrer, Peter prend très à coeur son engagement dans les Jeunesses hitlériennes. Ses parents d'origine, Polonais de souche allemande ne disaient-ils pas d'ailleurs le plus grand bien de l'arrivée d'Hitler au pouvoir?
Pourtant, peu à peu, il prend conscience que la propagande nazie ne peut pas tout justifier. Sa rencontre avec Lena sera décisive...
Voici un excellent roman historique qui, comme "Envol pour le paradis" de Jean-Marie Defossez montre le nazisme "de l'intérieur". L'auteur a particulièrement développé à travers le travail du père adoptif de Peter, l'eugénisme et les théories raciales chères à Hitler et qui menèrent aux ignominies que l'on sait.
Ces qualités "documentaires" et l'analyse de la réflexion progressive du héros ne prennent heureusement jamais le pas sur le récit, toujours passionnant.

Etranger à Berlin, par Paul Dowswell, ed. Naïve, 2009, 429p.

Isabelle P.

samedi 13 février 2010

Petit clin d'oeil à...


...la Saint Valentin, voici l'histoire de Léon le cochon qui a tout pour être heureux.
Sauf que... depuis qu'Albertine, la jolie poulette, lui a tourné la tête, rien ne va plus.
Comment faire pour qu'elle le remarque? Les conseils de ses copains le coq, le taureau ou le lapin sont pleins de bonnes intentions mais...
Drôle et dynamique, cet album a beaucoup de succès à l'Heure du Conte!

Leon et Albertine, par Christine Davernier, ed. Ecole des Loisirs, 1997

Isabelle P.

jeudi 11 février 2010

Sous les pavés...


... le bonheur de lire!
Depuis que je suis enfant, j'adore les gros bouquins, de ceux qui vous donnent le temps vraiment de vous plonger dans l'histoire, je me souviens de semaines de vacances,où je me noyais avec délices dans les oeuvres complètes d'Alexandre Dumas, découvrant l'Histoire par le petit bout de la lorgnette.
J'ai retrouvé ce même plaisir dans ce copieux roman (1296 pages!), passionnant voyage dans le temps, au 14ème siècle en Angleterre, très précisément.
Deux siècles après "les piliers de la terre", Ken Follett renvoie ses lecteurs dans le passé et redonne vie à Kingsbridge et son prieuré.
la cathédrale érigée par Jack le bâtisseur est toujours debout, mais Merthin l'architecte voudrait l'achever d'une flèche, la plus haute de toute l'Angleterre. Près de lui, Caris, femme fière et indépendante voue sa vie à soigner les malades et se heurte aux médecins, englués dans des traditions dépassées.
Autour de ce couple, une foule de personnages, bons ou méchants, avides d'amour ou de pouvoir, forment une fresque très documentée et brillamment racontée.
On y plonge avec délectation, on en sort un peu échevelé par l'aventure!

Un monde sans fin, par Ken Follett, ed. Laffont, 2008, 1296p.

Isabelle P.

mardi 9 février 2010

Le prix Versele à la bibliothèque

On ne présente plus le prix Versele, organisé depuis plus de 20 ans par la Ligue des Familles autour de la littérature destinée aux 3-12 ans : 6 tranches d'âge, 5 livres chouettes dans chaque tranche d'âge, et l'occasion pour tous les enfants de voter pour leur livre préféré !
Si vous n'y avez pas encore participé avec vos enfants ou vos élèves, la bibliothèque vous propose de prendre en marche le train des histoires!
Nous mettons à la disposition des lecteurs tous les livres présélectionnés et les racontons également aux classes qui le souhaitent, sur rendez-vous. Enseignants, n'hésitez pas à nous contacter, nous recevons les groupes scolaires tous les jours de la semaine.
Vous trouverez la liste des livres de la sélection 2010, et les bulletins de vote sur le site www.citoyenparent.be

Isabelle P.

mercredi 3 février 2010

Cherche la petite bête!


"Cherche la petite bête!", c'est un album foisonnant de formes et de couleurs, dans un graphisme très élaboré sous son apparente simplicité, avec des réminiscences rigolotes aux années 70.
Sur chaque page, l'enfant est invité à retrouver un poussin égaré, un oursin qui joue à cache-chache avec son papa, un paon qui fait son intéressant... pas toujours évident, c'est moi qui vous le dis! :-)
A la section Jeunesse, on s'est toutes bien amusées... à votre tour, l'album vous attend à la bibliothèque!

Cherche la petite bête!, par Delphine Chedru, ed. Naïve, 2008.

Isabelle P.

lundi 1 février 2010

Au rebond


Après "Un endroit pour vivre", que j'avais beaucoup aimé (voir l'article du 24/11/2009), voici un autre roman de Jean-Philippe Blondel qui est aussi pour moi un vrai coup de coeur.
Le narrateur, c'est Alex, 15 ans. Il vit seul avec sa mère dans un tout petit appartement de banlieue. Ils s'aiment, tous les deux, mais ont bien du mal à se le dire. Il la trouve ringarde et intrusive, elle a du mal à supporter ses silences et son je-m'en-foutisme apparent.
Au club de basket, Alex a un copain, Christian, dont il est un peu jaloux. Christian vit dans une grande maison et n'a pas de fins de mois difficiles, lui!
D'ailleurs, quand son pote s'absente deux semaines du lycée, Alex est persuadé qu'il a pris des vacances exotiques quelque part avec ses parents. Les apparences pourtant cachent parfois une tout autre réalité : le père de Christian est parti, sa mère perd tout à fait les pédales entre alcool et médicaments, et l'adolescent n'arrive pas à faire face. Mais c'est compter sans la mère d'Alex, ringarde peut-être, mais pleine de ressources, au grand étonnement de son fils. Entre ces quatre personnages un peu cabossés par la vie, des liens vont se nouer, de cette sorte qui vous font vous sentir plus forts, parce qu'ensemble. Ensemble c'est tout, comme dirait Anna Gavalda :-)
On est dans l'amitié, la générosité, la complicité, et de nous raconter tout cela, Alex et Jean-Philippe Blondel nous font un bien fou. Et tant pis pour les grincheux qui pensent que c'est trop beau pour être vrai!

Au rebond, par Jean-Philippe Blondel, éditions Actes Sud junior (romans ados), 2008, 99p.

Isabelle P.

samedi 9 janvier 2010

Le premier qui pleure a perdu



Pour Junior, jeune indien de 14 ans, la vie dans sa réserve est loin d'être une partie de plaisir. Sa description de lui-même dans les premières pages de son récit est sans concession : hydrocéphale, les yeux de traviole, zozotant et zézayant... un vrai gogol, quoi! "Et vous savez ce qui arrive aux gogols sur la réserve? On se fait tabasser. Au moins une fois par mois. Eh ouais, je fais partie du Club du Coquard du Mois..."
Pourtant, à travers tout, Junior avance : contre l'avis de tous, il décide d'aller au lycée des Blancs, seul moyen à ses yeux de conquérir un avenir digne de ses rêves.
Tout ceci pourrait paraître épouvantablement triste et misérabiliste, mais il n'en est rien. On sourit au contraire beaucoup à la lecture des tribulations de Junior, éternel optimiste, capable de rire de tout et surtout de lui-même, et qui se donne les moyens de briser à son niveau la manière d'être qui maintient son peuple dans la pauvreté et le marasme. Un incroyable hymne à la vie et à l'espoir!
Dans une interview parue dans la revue Citrouille de novembre 2008, Sherman Alexie, déjà auteur de plusieurs romans pour adultes centrés sur la réalité vécue par les Indiens aux Etats-Unis raconte la genèse de ce roman spécifiquement écrit pour les ados. Il le qualifie d'"émotionnellement autobiographique". Traître pour les siens, indésirable pour les autres, il lui a fallu comme à son héros une bonne dose de pugnacité pour briser cette sorte d'"enchantement négatif" qui s'attache à son peuple.
Du même auteur, et sur les conseils d'une lectrice de ce blog, j'ai lu aussi "Flight", paru en littérature adulte, et dans lequel j'ai retrouvé, quoique dans un langage plus cru :-)le même humour féroce du héros, envers les autres et lui-même.
Surnommé Spots, à cause de l'acné qui lui dévore le visage, l'adolescent, personnage principal de ce roman, a déjà connu 20 foyers d'accueil différents, et sa vie entière tient dans un petit sac à dos. Plein de rage contre le monde dans lequel il vit, il finit par braquer une banque, tirant indistinctement sur tout ce qui bouge.
Atteint d'une balle dans la tête, il se retrouve dans une sorte de voyage dans le temps où il est tour à tour un agent du FBI, un ado indien lors de la bataille de Little Big Horn, un soldat de la cavalerie américaine qui extermine un village indien en représailles d'un massacre de colons....
Comme tous les romans de Sherman Alexie, Flight est la transposition, ici sous forme de fable fantastique, de la réalité indienne. Un témoignage d'autant plus marquant par le ton employé, qui souligne le tragique vécu au quotidien par Spots et les siens.


Le premier qui pleure a perdu, par Sherman Alexie, ed. Albin Michel (Wiz), 2008, 280p.

Flight, par Sherman Alexie, ed. Albin Michel (terres d'Amérique), 2008, 200p.

Isabelle P.